REPRISE OU RÉCESSION, QUELS INDICATEURS FAUT-IL PRIVILÉGIER ?

STRATEGIE ET THEMATIQUES
Les optimistes et les marchés boursiers se rassurent avec la dynamique du secteur des services
Les pessimistes et les marchés obligataires s'inquiètent de voir sombrer l'activité industrielle
La plupart des autres indicateurs avancés semblent donner raison aux seconds…
… ouvrant la voie à une nouvelle correction boursière

GRAPHIQUE DE LA SEMAINE : "Accélération ou ralentissement du cycle économique ?"

ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS

Généralement, les perspectives des entreprises évoluent de concert dans les deux principaux secteurs d'activité, l'industrie et les services. Depuis quelques mois, la confiance des directeurs d'achat diverge : elle rebondit fortement dans les services tandis qu'elle faiblit dans l'industrie (cf. Graphique de la semaine). Les pessimistes mentionneront que le secteur manufacturier est plus fiable pour anticiper l'activité, car il est plus cyclique. Les optimistes préféreront le secteur tertiaire, en s'appuyant sur le fait qu'il est plus représentatif de l'activité économique globale, pesant 76% du total dans les pays développés contre 22% seulement pour l'industrie (cf. Fig. 2). Qui a raison, les bulls ou les bears ?

La réponse à cette question n'est pas simple. Elle est pourtant cruciale. Les lecteurs réguliers se rappelleront que, pour devenir positifs sur les marchés financiers en 2023, nous avons besoin d'une bonne nouvelle sur au moins l'un de ces trois paramètres : un rebond des indicateurs avancés, une baisse des taux directeurs, ou une capitulation des investisseurs. Aurions-nous enfin un "feu vert" sur le premier, sachant que les deux derniers demeurent au "rouge" ?

Le phénomène de dispersion entre l'industrie et les services n'est pas la norme mais il se produit ponctuellement. Il y a deux raisons à cela :

  • Premièrement, la confiance des directeurs d'achat est structurellement plus élevée dans les services que dans l'industrie, d'environ 4 points pour les indices ISM américains. Pour corriger ce biais, il suffit d'observer ces deux indices en variation périodique (cf. Fig. 3). L'image est désormais très similaire : dans les deux cas la situation économique continue de se dégrader (l'écart est toujours négatif) mais nettement moins vite qu'auparavant (l'écart se réduit). Tandis que les passionnés de mathématiques parleront de dérivée seconde positive, les investisseurs préféreront dire que le momentum s'améliore. Peu importe les termes utilisés, c'est un très bon signal.
  • Deuxièmement, le secteur industriel est plus volatil que celui des services. Lors des différentes phases du cycle économique, le message est souvent "exagéré" dans l'industrie tandis que celui véhiculé par le secteur des services reste plus "modéré". Concrètement, plus les perspectives économiques sont mauvaises/bonnes, plus l'écart entre les secteurs de l'industrie et des services est négatif/positif (cf. Fig. 4). Au vu de l'écart récent, c'est un mauvais signal.

Pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre et définitivement conclure, les investisseurs doivent s'appuyer sur d'autres indicateurs avancés comme la courbe des rendements (cf. Fig. 5), les conditions financières (cf. Fig. 6), ou le prix de la mémoire informatique (cf. Fig. 7). Malheureusement, la plupart de ces indices dressent un scénario de faux départ.

Corroborant ce pessimisme, la Réserve fédérale estime la probabilité d'une récession aux Etats-Unis à 68%, un niveau jamais atteint depuis 40 ans (cf. Fig. 8). Même le National Bureau of Economic Research (NBER), qui est officiellement chargé de définir les dates de récession de l'économie américaine mais qui est souvent le dernier à se prononcer puisqu'il prend en considération un nombre important de aramètres, est en train de basculer. Deux de ses membres ont récemment publié un document de travail (cf. lien) dans lequel ils indiquent que les Américains devraient s'attendre à une récession en 2023 et 2024.

En utilisant le canal de fluctuation formé par les indices de confiance des directeurs d'achat dans l'industrie et les services, le potentiel d'appréciation annuel des actions se situait entre -22% et +0% aux États-Unis (cf. Fig. 9), et entre -26% et +8% en Europe (cf. Fig. 10). Le S&P 500 ayant délivré +2% et l'EuroStoxx +6% lors des douze derniers mois, les marchés ont été rationnels mais dans le haut des fourchettes.

Conclusion

Les investisseurs devraient prochainement considérer que les bonnes nouvelles sont dans les cours. Tant que les directeurs d'achat ne seront pas plus positifs sur l'avenir de leurs entreprises, les marchés boursiers n'auront pas de marge pour progresser. A contrario, si leur confiance s'érode, ne serait-ce que légèrement, une nouvelle correction boursière sera inévitable. La distribution des potentiels de gains boursiers présente une asymétrie négative.

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