LE CASH RESTE LE NERF DE LA GUERRE !

STRATEGIE ET THEMATIQUES
Des flux de trésorerie importants favorisent la surperformance des sociétés
La flexibilité financière permet de rétribuer les investisseurs
Et de continuer à investir dans l’avenir de l’entreprise

GRAPHIQUE DE LA SEMAINE : "Le cash rassure"

ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS

Les marchés financiers s’envolent depuis le début de l’année malgré la récession qui se profile en Europe et aux Etats-Unis. La réouverture de la Chine et la résilience du marché de l’emploi laissent espérer un atterrissage en douceur de l’économie. Dans cet environnement, il convient de rester prudent et de renforcer les investissements sur les actions de qualité, c’est-à-dire celles qui sont en mesure de gagner des parts de marché et de générer de bons cash-flows dans la durée.

Des flux de trésorerie importants favorisent la surperformance des sociétés

Un flux de trésorerie positif indique que les liquidités d'une entreprise augmentent, ce qui lui permet de couvrir ses obligations, de réinvestir dans ses activités, de rétribuer les actionnaires, de payer ses dépenses et de se prémunir contre de futurs aléas financiers. Les entreprises qui disposent d'une grande souplesse financière bénéficient d’une plus grande marge de manoeuvre pour sélectionner des investissements rentables. Elles s'en sortent également mieux en cas de récession.

D’après une étude quantitative interne à Atlantic Financial Group, il a été démontré que la performance d’une action s’explique en grande partie par la capacité de la société à générer du cash (cf. Fig. 2).

Le PE est également un ratio très suivi par les investisseurs mais celui-ci est moins pertinent pour expliquer la performance du titre. La différence s’explique probablement par la résilience dont fait preuve une société capable de générer des liquidités (free cashflow) tout au long du cycle économique, même si celle-ci affiche un résultat net négatif. Les cash-flows seront évidemment réduits si la société ne génère plus de profit, mais ils peuvent rester positifs grâce à une bonne gestion des fonds de roulement par exemple. Ceux-ci évoluent au rythme des stocks d’inventaires ou de l’échelonnement des paiements aux fournisseurs entre autres. Les cash-flows reflètent donc véritablement la qualité du management de l’entreprise, sa vision à long terme et surtout sa capacité à réagir aux facteurs exogènes.

La flexibilité financière permet de rétribuer les investisseurs

Le tableau des flux de trésorerie permet de comprendre d’où provient le cash de l’entreprise. La société peut générer du cash de trois façons : 1) via ses activités opérationnelles courantes; 2) via ses investissements ou 3) via des opérations de financement. Les sociétés vont donc faire des choix stratégiques pour générer de la liquidité et optimiser leur rendement.

Le cash généré via des opérations de financement doit être scrupuleusement analysé alors que les taux d’intérêt remontent. La situation se complique pour les entreprises qui ne génèrent ni profit ni cash-flow, faute de revenus, et dont la valorisation est basée sur l’actualisation des flux de trésorerie futurs. C’est le cas de nombreuses sociétés dont l’activité dépend d’une technologie récente ou encore en phase de recherche et développement comme les biotech. La hausse des taux les pénalise à la fois dans la valorisation de leurs cash-flows mais également du fait de la hausse des coûts de financement alors que le financement en actions devient plus compliqué. Le prix de ces sociétés se détériore souvent en deçà de leur valeur nette comptable (brevets…). Elles deviennent alors des cibles potentielles pour les entreprises riches en cash. Enfin, les sociétés très endettées comme les REITS aux Etats-Unis pourraient continuer de sous-performer sous le poids du service de la dette alors que la valeur des biens immobiliers se dégrade. (cf. Fig. 3).

Et surtout de continuer d’investir dans l’avenir de l’entreprise

Ce qui assure une grande part de stabilité à l’entreprise reste quand même sa capacité à générer des liquidités par son activité opérationnelle. Pour ce faire, l’entreprise doit être en mesure de gagner des parts de marché sur ses concurrents ou de fixer les prix qui lui garantissent des marges stables.

Parmi les secteurs capables de fixer les prix, on retrouve le secteur pharmaceutique (ex. : Merck, Pfizer, Roche ou Novo Nordisk) ou le secteur des services publics (ex. : Engie, NextEra). Bien que largement réglementés, ces deux secteurs sont indexés sur l’inflation. Enfin, le prix des médicaments est protégé par des brevets, ce qui garantit aux pharmas une marge confortable.

Le secteur du luxe est également en mesure d’augmenter les prix sans effet sur les volumes de vente. Le secteur des biens de première nécessité bénéficie également d’une faible élasticité de la demande par rapport au prix, ce qui lui garantit des marges stables dans le temps et une bonne visibilité sur les cash-flows futurs. Les marges recommencent à croître dès que l’inflation a atteint un pic, les sociétés ayant déjà répercuté les hausses de prix des matières premières et des salaires dans le prix des produits finis.

Les compagnies en situation de monopole ou oligopole sont, enfin, les plus à même de fixer les prix. Les plus notables sont Microsoft, Apple, Alphabet et Visa aux Etats-Unis, ou encore Hermès, Louis Vuitton, Essilor Luxottica, L’Oréal et Pernod Ricard en Europe (cf. Fig. 4).

Si l’entreprise ne peut rester leader sur son marché et croître de façon organique, des opérations de fusion & acquisition lui permettront d’augmenter ses revenus et potentiellement ses marges grâce à des économies d’échelle. La flexibilité financière est donc primordiale en période de crise et se révèle souvent comme un facteur accélérateur de tendances. En effet, les entreprises bien gérées auront les financements nécessaires pour rétribuer leurs actionnaires (cf. Graphique de la semaine) ou payer les intérêts de leurs dettes, mais elles auront également le cash disponible pour faire l’acquisition de sociétés en difficulté, offrant de nouvelles opportunités de croissance.

Conclusion

Dans un environnement macro-économique qui se dégrade, la sélection de titres de qualité devient primordiale. Comme pour un portefeuille d’investissement, le cash disponible en période d’incertitude permet certes de limiter les pertes, mais surtout de profiter des opportunités qui émergent en cas de panique sur les marchés financiers.

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