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BIEN DANS LEURS BASKETS, MAIS PAS DANS LE PALLADIUM
GRAPHIQUE DE LA SEMAINE : "Deux ans de purgatoire pour le palladium et ses producteurs"
ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS
Contrairement à l’or et l’argent, qui sont surtout considérés comme des métaux précieux par les investisseurs, le palladium est sensible au cycle manufacturier. 84% de la production mondiale sont utilisés par l'industrie automobile (cf. Fig. 2) pour la fabrication de pots catalytiques, en vue de réduire la toxicité des gaz d'échappement émis par les moteurs thermiques. En dehors du secteur automobile, le palladium trouve une utilité significative dans le domaine de l'électronique, de la chimie, mais aussi de la bijouterie. Il est utilisé pour produire des condensateurs multicouches en céramique, composants des ordinateurs et des smartphones par exemple. Cette application tire parti des propriétés uniques du palladium, notamment sa conductivité électrique et sa résistance à la corrosion. En bijouterie, le palladium est apprécié pour sa couleur naturellement blanche et sa légèreté, bien qu'il soit souvent considéré comme trop tendre par rapport au platine, ce qui limite son utilisation. La production mondiale de palladium est concentrée dans quelques pays, en tête desquels la Russie et l'Afrique du Sud (cf. Fig. 3). Cette prédominance rend l'approvisionnement fort vulnérable aux perturbations géopolitiques dans ces régions.
Le marché mondial du palladium a longtemps été caractérisé par un déséquilibre en sa faveur, entre une demande forte et une offre restreinte. Ce déficit de production a permis au cours du métal de s'apprécier jusqu'à atteindre le record historique de 3'442 dollars l'once en mars 2022.
Depuis deux ans, le prix du palladium ne cesse de s'effondrer. Il pointait récemment à 854 dollars (cf. Fig. 4), ce qui représente une contraction de -75%. Il existe quatre raisons principales à cette chute spectaculaire. Premièrement, la demande de pots catalytiques se contracte à mesure que les véhicules électriques gagnent des parts de marché. Deuxièmement, les stocks de palladium sont à des niveaux élevés. Troisièmement, les progrès réalisés dans le processus de recyclage permettent de récupérer davantage de palladium, réduisant ainsi la dépendance à l'extraction de nouvelles ressources. Quatrièmement, une partie de la production résiduelle de pots catalytiques a été effectuée en remplaçant le palladium par du platine.
En termes relatifs, une once de palladium s'échange désormais contre 0.47 once d'or, en ligne avec sa médiane historique (cf. Fig. 5). Le cours du palladium pourrait donc chuter davantage, comme ce fut le cas en 1995, en 2008, ou en 2011, mais il approche des zones où un renversement de tendance n'aurait rien de surprenant.
A l’encontre de cette dynamique baissière, plusieurs facteurs sont susceptibles de favoriser un rebond significatif du cours du palladium :
- Tout retard dans le déploiement des véhicules électriques, et donc toute demande additionnelle de véhicules à moteur thermique ou hybride, favoriserait la demande de palladium.
- Le cours du palladium étant très bas, les fabricants de pots catalytiques qui avaient cherché à le remplacer par du platine pourraient effectuer un retour en arrière en le plébiscitant à nouveau.
- Les développements technologiques et l'innovation, comme l’utilisation du palladium dans les piles à combustible pour la production d'énergie propre, pourraient constituer un relais de croissance.
- Du côté de l'offre, tout accroissement des tensions géopolitiques, en Russie ou en Afrique du Sud, viendrait restreindre l'approvisionnement mondial en palladium.
- La dynamique des métaux précieux est fortement influencée par l'évolution du dollar américain. Ces dernières années, la vigueur du billet vert a pénalisé les métaux précieux et le palladium n'a pas fait exception à la règle. Tout recul du dollar, lorsque la Réserve fédérale américaine abaissera ses taux directeurs, offrirait un soutien mécanique au palladium.
- Du point de vue de l’analyse technique, la tendance du palladium demeure baissière, mais le niveau de 930 dollars pourrait faire office de résistance (cf. Fig. 6). Les opérateurs de marché pourraient profiter de ce seuil pour se positionner à l'achat.
- Sur le marché des options, il existe une accumulation importante de positions vendeuses à découvert (cf. Fig. 7). Le marché étant saturé de perspectives négatives, la possibilité d'un short squeeze s'accroît. Un tel scénario se produit lorsque les vendeurs à découvert sont contraints de couvrir rapidement leurs positions en raison d'une hausse inattendue des prix, accentuant ainsi la pression haussière.
Parmi les principales sociétés cotées non russes, Anglo American Platinum (AMS SJ) jouit d’une position dominante (cf. Fig. 8). Cela peut lui permettre d'exercer une influence sur l'offre mondiale et, in fine, sur les prix du palladium. Parmi les autres sociétés qui jouent un rôle important dans l'extraction et la production de palladium, Impala Platinum (IMP SJ), Sibanye-Stillwater (SSW SJ) et Northam Platinum (NPH SJ) sont également basées en Afrique du Sud.
Conclusion :
Les cours boursiers des sociétés minières sont tellement corrélés à l’évolution du palladium que tout rebond du prix de la matière première provoquerait instantanément leur envolée sur les marchés (cf. Graphique de la semaine & Fig. 9).
RENDEMENT DES ACTIFS FINANCIERS
